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Sur le livre à paraître bientôt

Note complémentaire de l’auteur en forme libre, sur l’intention du livre à quelques jours de sa sortie

Pendant ces derniers jours, attendant que le livre ne soit disponible, avant de pouvoir entamer l’éventuelle conversation qui pourrait s’engager, c’est-à-dire la suite attendue pour un ouvrage abordant un sujet de société, il y a de mon côté un retour du doute, très certainement classique voire peut-être inévitable. C’est pourquoi je poste ce billet d’entre deux, déjà en dehors du texte, mais pas tout à fait inséré dans les possibles discussions à venir.

Je crois qu’il est moins à retenir le discours que le cheminement ; le texte revient surtout à un travail d’auteur (comme activité d’écriture, pas comme statut) à partir d’une matière donnée – le matériau du cycle de concertation des Rnlh* - , comme si elle m’avait été juste confiée, sans m’appartenir. C’est la tentative d’écrire une démarche qui imaginerait, dans un récit – le récit est la grille de lecture qui me semble la plus adaptée – l’unité et la cohérence d’un parcours exploratoire, dont je n’ai été que le témoin.

Une ambiguïté vient de la volonté de conserver ce point de vue impliqué – le jeu participatif – qui représente à mon sens la contribution du livre et qui constitue son innovation (du moins ce qui pourrait définir ce qu’il porte d’originalité). Il s’agit de concevoir un texte qui utilise les points de vue tirés de la matière donnée sans les mobiliser pour eux-mêmes, mais pour leur agencement. C’est dans cet agencement que je suis allé chercher des prolongements possibles, d’autres questionnements. Pour y parvenir, j’ai mis en place une méthode explicite, assez simple et qui – je tiens à bien l’affirmer - n’a rien à voir avec la démarche scientifique. Il s’agissait de tout relire – tout ce que nous avions accumulé de texte – et de remplir, combler l’écart entre chaque document, quitte à inventer des documents qui n’existaient pas ! Faire un tout de fragments, faire ressortir en quelque sorte une ossature possible, une poétique, pour employer un terme plutôt inattendu dans le registre politique.

Le citoyen n’écrit pas comme un responsable politique (déclinant un programme ou se positionnant dans l’actualité), ni comme un essayiste (ayant une thèse à démontrer), ni comme un administrateur (procédant à une évaluation), ni comme un militant (cherchant à convaincre d’une stratégie), ni comme un chercheur (travaillant une problématique théorisée avec des données), ni enfin comme un écrivain (naviguant, par exemple, dans la béance de moi à je pour exprimer une voix**), bien que le citoyen est assez directement confronté à cet enjeu de la voix, à un rapport complexe à son propre discours. Le citoyen écoute et parle sans fin – être citoyen est une activité sociale, il ne s’agit pas de produire des œuvres - , il a pour objectif d’agir là où il se trouve (dans le double sens, géographique et existentiel), tout en se reliant aux organisations collectives (notamment celles qu’il faut créer ou recréer pour le monde contemporain, celui en train de se faire).

Aussi, je n’ai pas parlé dans le livre de mes positions personnelles ni de mes engagements sur le logement ; y figure seulement des touches méditatives qui donnent une coloration aux questionnements les plus ouverts pour les rendre moins abstraits. Un livre est par nature figé alors que le débat public ne l’est pas, c’est cette limite que j’ai tenté de surmonter en explicitant la présence de l’auteur, pour dynamiser sa relation au lecteur-citoyen et faire du texte uniquement le support d’une réflexion qui se joue ailleurs. En somme, il ne faudrait peut-être retenir du livre que son intention et quelques images.

Apparaît alors le risque propre à une telle entreprise, celui de passer à côté, par excès du jeu de l’entre-deux, en prêtant le flan à la mauvaise interprétation ou en suscitant l’incompréhension. Pour autant, je reste convaincu qu’il faut oser réfléchir différemment, cultiver cette parole intermédiaire, curieuse parce que fondée sur l’écoute, et tout à la fois animée par l’intérêt général à l’état brut, servant une République généreuse et déterminée. Le sévère enthousiasme d’une volonté ferme, bonne à tout faire.

* Rencontres nationales du logement et de l’habitat

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